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1. Fondement scientifique
par Caitriona Carter (Chercheuse à l’IRSTEA)
But the play wants to go beyond the issue of fish feeds – it is also about the scientific issue of certainty (there is none – there might be scientific consensus, or dominant ideas). It is also about communication; legitimate politics requires transparency on principles and values guiding action. There is little of this form of communication in this play. But the play is also about humans’ different relations to nature – the woman is all about nature as superficial beauty, whereas the man is more about nature as something you can touch and feel and nurture. And the play is about passive behaviour towards protecting nature as rooted in liberal dogmas and passive behavior towards family- this couple is disfunctional, but neither does anything about that. They have low expectations about what it means to be alive.
2. Variation théatrale : Fishy Lives
par Caitriona Carter (Chercheuse à l’IRSTEA) et Andréa Brunello (Metteur en scène)
La pièce commence et nous pouvons voir une vieille femme de classe moyenne assise sur une chaise. Pendant qu’elle commence à parler, nous pouvons comprendre qu’elle n’est pas seule – mais ce n’est tout de suite évident. Soit la lumière s’éclaircit autour d’elle et nous pouvons apercevoir une silhouette : soit on attend un bruit et on devine que quelqu’un est là. C’est un homme, de classe moyenne lui aussi….
Femme : Nous avions une magnifique maison au bord d’un lac. Je me souviens être assise dans le jardin en admirant l’eau paisible et calme. C’était si tranquille et si beau. Sauf bien que les cages à poissons.
Homme : Mais nous ne pouvions les voir qu’à peine.
Femme : J’adorais cet endroit. C’était comme une carte postale. Bien sûr, le problème avec les poissons a tout gâché.
Homme : L’eau était si douce. Pierre adorait y jouer et éclabousser tout en riant. Femme : C’est la transformation des poissons qui a tout gâché. Je n’y avais pas prêté attention auparavant, c’est Hélène qui en a parlé. Nous prenions le café dans ces superbes tasses que Céline nous a offert pour notre mariage et elle disait que les poissons avaient changé.
La fois d’après où je suis allé au marché, je les ai observés et elle avait raison. Quelque chose avait changé. Ils étaient plus gros. Puis cette jeune fille aux piercings du groupe d’activistes est arrivée…
Homme : Elle travaillait pour le WWF.
Femme : … et a dit que c’était parce qu’ils les nourrissaient de cochons et de poulets ! C’était difficile à croire, mais Mme Pasquier disait qu’elle avait vu ça à la télévision la dernière fois parce que Bruxelles les a laissé donner des cochons et des poulets aux poissons.
Homme : Lorsque j’y travaillais au début, il n’y avait pas d’aliments pour poissons. Nous les nourrissions aux déchets. Bien sûr, l’innovation des granulés d’alimentation a tout changé. Des recettes spéciales pour poisson, tu te rends compte ! Leur régime était mieux que le mien !
Femme : Et puis bien sûr j’ai entendu parler de ce poisson Frankenstein que les américains ont créé…
Homme : C’était les canadiens
Femme : … C’était à la radio, ils expliquaient comment ils avaient génétiquement modifié un saumon. Je suis retournée au marché et j’ai demandé à Mme Pasquier si elle était au courant et elle me répondit que oui, et que c’était surement ce qui était arrivé dans le lac. Bien sûr, M. Martin, le pisciculteur, a tout nié. Je me souviens bien de cette journée parce qu’il faisait très froid et il répondait qu’ils sélectionnaient génétiquement les poissons, ce qui est différent…
Homme : En effet, c’est différent.
Femme : … et qu’ils n’avaient pas droit de nourrir les poissons avec des sous- produits d’animaux transformés comme la volaille ou le porc car son contrat avec le supermarché ne lui permettait pas, même si c’est exactement ce que les poissons devraient manger. Tout le monde s’en est mêlé et ont commencé à riposter, ce qui m’a donné une migraine et j’ai dû rentrer à la maison m’allonger. Homme : Oui, ce que tu fais souvent.
Femme : Mais ce n’était pas seulement les poissons. L’eau avait changé aussi, d’après Philippe.
Homme : Il n’a jamais aimé la pisciculture. Avant, il prenait beaucoup de photos des cages. Ce qui a provoqué des conflits.
Femme : Il disait que l’eau avait changé et que les poissons s’échappaient des cages…
Homme : En effet, on a perdu une cage cette nuit-là lors de l’orage.
Femme : … et que l’eau était pleine de produits chimiques.
Mais ce n’était rien comparé à ce qui est arrivé à Mme Calimero. Ses bras et jambes ont commencé à gonfler et à devenir gris écaillé… les médecins n’ont en jamais trouvé la cause. Et la pauvre Mme Exagère – qui continuait à manger le poisson même après que tout le monde ait arrêté – sa peau est devenue grise et son corps était couvert de plaies… et on savait tous que les poissons étaient certainement la cause….
Homme : Non tu fais erreur, les poissons n’avaient rien à voir.
Femme : Et puis les inspecteurs sanitaires ont débarqué parce que les poissons avaient une maladie…
Homme : Oui, beaucoup sont morts cette année-là.
Femme : … et avec tout le monde qui tombait malade autour, ça a tout gâché. Homme : C’est après cela qu’ils ont changé le système d’élevage, en utilisant la nouvelle technologie. Ils n’avaient plus besoin de nous. Comme si une machine pouvait remplacer un homme.
Femme : C’était trop dommage….
Homme : Oui, nous prenions tellement soin de ces poissons.
Femme : Et maintenant nous vivons ici (elle soupire)
Homme : Eh oui.
Femme : Mais le jardin est très beau. Cet herbicide que j’ai acheté à Jardiland marche à merveille.
Homme : Moi, je le préférais avant.
La lumière s’éteint progressivement pendant qu’ils se perdent tous les deux dans leurs pensées respectives – vivant chacun de leur côté, ensemble mais à part.
3. Variation poétique : Les vies louches
par Sophie Poirier (Auteure)
librement adaptée du texte Fishy Lives écrit par Caitriona Carter
Vivant chacun de leur côté, ensemble mais à part.
J’adorais cet endroit. C’était si tranquille.
Cet herbicide marche à merveille : le jardin est très beau maintenant.
Moi, je le préférais avant. C’était comme une carte postale.
Nous n’avons pas tous la même relation à la nature. Que signifie « être en vie » pour chacun d’entre nous ?
Sommes-nous assez exigeants ? Sommes-nous assez engagés ?
4. Variation vidéo
par Olivier Crouzel
Vidéo noir et blanc ralentie – Voix off « Les vies louches » – Boucle
Un parc en Allemagne – Vue de l’installation vidéo au carré des colonnes à saint Médard en Jalles – Festival FACTS